Beaux dans la défaite

Le samedi 7 octobre, Thibaut Pinot disputera sa dernière course professionnelle en Lombardie. Le chant du cygne pour le petit prince des Vosges au palmarès inversement proportionnel à la notoriété. Le Haut-Saônois, coureur cycliste inclassable, aussi génial que fragile, a élevé la débâcle au rang de chef d’oeuvre. Comme Raymond Poulidor ou Luis Ocaña avant lui. Un touchant hommage est rendu à ces trois Perdants Magnifiques dans un bel ouvrage, écrit par Xavier Garcia, et publié chez Solar. L’auteur brosse le portrait de ces glorieux losers et bien d’autres (Socrates, René Vietto, Jean Van de Velde,…), dont les lignes de palmarès sont bien tristes comparées à leurs arabesques pleines de sueur, de sang et de larmes. S’incliner avec panache est tout un art, et il n’est donné qu’à ces hommes dont les failles sont également les nôtres.

Perdants magnifiques, l’art de s’incliner avec panache en 10 portraits – Xavier Garcia – Editions Solar – 304 pages – 17,90 euros.

A l’aile, l’année est belle

Les marques de bronzage ont laissé place aux premières cernes, les Spritz en terrasse ont été remplacés par la soupe à la grimace, bref, la déprime de la rentrée est fidèle au rendez-vous. Heureusement, la Coupe du monde de rugby vient jouer son rôle de vitamine D avec sa mêlée de grosses oppositions et son attachant XV de France. La phase de poules est déjà bien avancée, mais il n’est pas trop tard pour regarder dans le rétro et se remémorer tous les grands moments de cette année 2023. Et entre le titre européen de La Rochelle, la finale à suspense du Top 14, le Tournoi brillamment remporté par la sélection de Fabien Galthié, il y a de quoi aller jusqu’à dam. Surtout quand c’est aussi joliment illustré que dans Le Livre d’Or, sorti aux éditions Solar. Et puisque le ballon ovale n’a pas le monopole des terrains en septembre, le même bouquin consacré à son homologue rond est sorti au même moment. Avec Kylian Mbappé, la sélection argentine de Lionel Messi, le regretté Pelé et le Manchester City de Pep Guardiola en vedettes. De l’or en pages !

Le Livre d’Or, Rugby 2023 – Pierre-Michel Bonnot et Maxime Raulin – Editions Solar-L’Équipe – 144 pages – 24,90 euros.

Le Livre d’Or Football 2023 – Gérard Ejnes – Editions Solar-L’Equipe – 160 pages – 24,90 euros

Raffût avec les stars


Et si le jour de gloire devait arriver ? Après un été tricolore bien terne, les espoirs de sacre reposent sur les larges épaules du squad de Fabien Galthié. Le XV de France porte en effet la pancarte de favorite de SA Coupe du monde, avant le match d’ouverture contre les terribles All Blacks. Plusieurs raisons expliquent ce sentiment d’invincibilité, l’une d’elles menant directement au talent de certaines individualités. Onze d’entre elles sont disséquées dans 50 héros de la Coupe du monde de rugby 2023, sorti aux éditions Solar. Antoine Dupont, Gaël Fickou ou encore Charles Ollivon font partie de ce gotha établi par Richard Escot, suiveur passionné dans L’Equipe. Mais les autres nations (hémisphères Nord et Sud sont départagées) ne sont pas oubliées, et on prend plaisir à lire les portraits de ces « stars », terme longtemps banni dans le monde de l’Ovalie. Comme quoi les temps changent, et le rapport de force entre les sélections aussi.

50 héros de la Coupe du monde de rugby 2023 – Richard Escot – Editions Solar – 264 pages – 21,90 euros.

Lucho, le noir avant le blanc

De Luc Leblanc, il ne faudra pas retenir que sa grosse dépression après la fin de sa carrière et cette sortie en forêt où il a mis le canon de son fusil sous sa gorge. Car, sa longue échappée en vélo s’est révélée haute en couleurs entre victoires épiques, recours au dopage et “quolibets injustes”. Le champion du monde 1994 n’a jamais eu l’aura d’un Richard Virenque ou d’un Laurent Jalabert, avec qui il s’est longtemps chamaillé sur le circuit, mais reste un personnage à connaître. Son autobiographie, baptisée Moi Lucho. L’important c’est de rester vivant, et sortie aux éditions Solar, est l’occasion de rattraper ce franc-tireur par le maillot et de rembobiner son parcours cabossé. Celui d’un talent pur, prodige singulier et attachant, mais symbole d’une “génération foutue” où l’EPO a atomisé le peloton. Courageux sur les routes du Tour, « Lucho » l’est tout autant pour mettre des mots sur ces maux, ceux d’un écorché vif qui a eu le mérite de construire une carrière sur une seule jambe.

Moi Lucho. l’important c’est de rester vivant – Luc Leblanc – Editions Solar – 296 pages – 19,90 euros