Aujourd’hui, focus obligatoire sur le joueur de l’année 2012. Elu MVP devant Thierry Henry, Chris Wondolowski a littéralement explosé cette saison en scorant à 27 reprises, égalant le record de Roy Lassiter en 1996. Son itinéraire ne ressemble pas à un long fleuve tranquille.

Le MVP 2012 n’a jamais aussi bien porté cette récompense. Les San José Earthquakes, auteurs d’une étonnante saison et vainqueur du Community shield (premier du championnat toutes conférences confondues), doivent beaucoup à leur avant-centre, loin d’avoir eu une carrière idyllique. A 29 ans, «Wondo» éclate donc sur le tard. Il est élu meilleur joueur du championnat, ou plutôt Most Valuable Player, c’est à dire le joueur le plus précieux (à son équipe).
« Les gens qui votent peuvent indirectement se laisser influencer par la notoriété du joueur. C’est normal, à performance égale, on trouvera toujours meilleur Thierry Henry plutôt que Chris Wondolowski» explique sans langue de bois un journaliste. Pourtant, Henry est à la deuxième place de ce classement, laissant le trône à «Wondo» qui recueille 90% des suffrages des journalistes et joueurs. Les seuls autorisés à voter. Ce chiffre laisse à lui seul imaginer l’importance prise par le joueur américain.
Loin d’être spectaculaires, ses buts sont des one shot goals. Difficilement traduisible, le terme français se rapprochant le plus étant buts de « renard ». Un brin péjoratif concernant le délicieux chasseur qu’il est. Certes, il n’est pas ce genre de joueurs à épuiser ses gardes du corps par des dribbles. Loin d’être un sniper, il n’est pas non plus ce joueur qui tire de 30 ou 40 mètres au but. Mais il est toujours là, à l’affût, faisant regretter à n’importe quelle équipe de ne pas compter dans son effectif un chien de chasse comme lui, au moment d’achever le gardien. 27 réalisations en 34 Battues, soit l’égal du record de Roy Lassiter en 1996. Un carnage. Et cette infaillible capacité à se trouver au bon endroit n’est pas seulement due aux erreurs de ses proies en MLS. La preuve étant ce but contre Chelsea, ou le pauvre John Terry n’a pu empêcher «Wondo» de viser et ajuster Petr Cech , lors du match opposant les Anglais aux All Stars de la MLS.
Wondolowski se révèle sur le tard. Il ne commence le soccer qu’à l’âge de 18 ans, repéré par sa pointe de vitesse alors qu’il jouait au base-ball avec les Danville Rockies. En 2005, alors qu’il est à San José, il a 22 ans, et il ne marque pas. C’est en effet difficile quand on ne figure même pas sur la feuille de match. Son entraîneur ne croit pas en lui. Il n’est pas technique, et « dépourvu de talent » dira Dominic Kinnear, l’entraineur.
Le Solksjaer de la MLS
En 2006, l’équipe déménage à Houston au Texas pour devenir le Houston Dynamo, seul et unique délocalisation à ce jour en MLS. Mais dans l’équipe texane, il joue très peu encore, mais a au moins le luxe de s’asseoir sur le banc des remplaçants. Wondolowski avoue aujourd’hui que les trois ans passés à Houston sur la touche l’ont changé. « J’ai profité de cette position pour étudier et lire les matches. C’était devenu mon seul objectif le jour des matches. Ça peut paraître fou. Je voulais développer une facette que les autres joueurs n’avaient pas, puisque j’étais inférieur à eux en terme de qualités intrinsèques. »
Son histoire rappelle celle de Ole Gunnar Solksjaer à Manchester pour lequel Alex Ferguson, le manager, ne cessait de répéter que son rôle de remplaçant éternel lui avait donné cette capacité à interpréter les phases de jeu et de savoir où se placer une fois rentré sur le terrain. «Baby face killer» est d’ailleurs aujourd’hui un brillant entraîneur en Norvège, ou il a remporté deux championnats consécutifs avec Molde. Pas anodin.
Wondolowski reviendra à San José en 2009 à la mi-saison, dans le cadre d’un trade ou il servait juste de monnaie d’échange. Mais l’homme a changé, il est maintenant sûr de sa force mentale ! Lors de la saison 2010, il score 19 fois en 29 matches. Il est enfin un titulaire indiscutable. 16 buts en 30 matchs la saison suivante lui permettent de décrocher sa première sélection à 28 ans. Il est courtisé par quelques clubs européens dont Rennes. Wondolowski veut maintenant rattraper le temps perdu et prouver qu’en MLS, en allant à la chasse, on gagne sa place.
Vidéo de Wondolowski qui va saluer l’US Army après un but à la « Wondo »