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Wondolowski: « Je ne peux plus me permettre d’aller au Burger King »

Picture26_crop_exact-1En pleine préparation avec San José pour la nouvelle saison (qui débute le 3 Mars contre le Real Salt lake), The Big Wondolowski, MVP 2012, revient sur sa dernière saison incroyable, et sur d’autres sujets.

2012 a été une année incroyable pour vous. A t-elle cependant été totalement réussie?

La manière dont nous avons terminé notre saison a été une grosse déception. Vous jouez toujours pour gagner. Toutes les récompenses que j’ai reçu sont très spéciales*, et c’était un grand honneur de les remporter mais pour être sincère, je les aurais bien échangé contre une MLS Cup. C’est l’objectif annoncé cette saison.

Les ingrédients sont-ils réunis cette saison pour y arriver?

Absolument, je pense que nous pouvons remporter le championnat. Si nous nous donnons à 100%, nous le ferons car nous avons le talent pour dominer les autres équipes. Nous sommes supérieurs si nous nous donnons à fond.

« Les joueurs doivent rester concentrés et ne pas se croire arriver après la saison régulière »

La saison dernière, San José a gagné le Supporter’s Shield mais a été éliminé au début des playoffs. Qu’avez vous appris de cette malheureuse expérience?

Nous sommes sortis de notre match durant 20 minutes, nous avons pris trois buts. et cela a suffit pour se faire éliminer (défaite 3-1 contre Los Angeles au retour après avoir gagné 1-0). Il faudra être plus intelligent. Tout au long de la saison nous avons été incroyables, et ça on ne peut l’oublier ! Une saison est très longue, et il faut s’assurer que tous les joueurs restent concentrés et ne se croient pas arriver après la saison régulière. Les playoffs relèvent d’une ambiance complètement différente et je pense que nous serons mieux préparés cette saison. Nous avons appris de nos erreurs et nous ne les commettrons plus.

Vous avez fêté vos 30 ans (le 28 Janvier). Avez-vous une approche différente de la compétition maintenant que vous êtes trentenaire?

Totalement, je pense que c’est l’état d’esprit qui change à partir d’un certain âge. Je suis beaucoup plus sérieux, notamment en dehors du terrain. Je pouvais par exemple manger n’importe quoi quand j’étais plus jeune. Si je vais maintenant à In and Out ou au Burger King, je le ressens dans les jours qui suivent. Je sens aussi que j’ai plus de responsabilités sur et en dehors du terrain, et cela va m’aider à me rendre encore meilleur.

Vous avez fait partie de l’U.S Camp (stage de pré-saison avec la sélection nationale) en Janvier et joué contre le Canada à Houston (0-0). Comment avez vous trouvé ce camp et qu’avez vous retenu de l’expérience?

C’était une très bonne expérience pour tout le monde. Nous avons eu trois semaines et demi difficiles. Personnellement, c’était une superbe opportunité de montrer ce que tu vaux à un des meilleurs entraineurs du monde (Klinsmann). On apprend des choses nouvelles au contact des meilleurs attaquants du pays que sont Eddie Johnson, Will Bruin ou Juan Agudelo. On apporte tous quelque chose de nouveau sur la table alors tout le monde se sert, et on repart gagnant.

Malheureusement, ce premier but n’est pas venu face au Canada**

Etre un buteur est amusant car certaines fois les buts arrivent en pagaille, et d’autres fois on mange son pain noir. J’ai confiance en mes capacités, mais une chose est sûre, je devrais faire mieux si je veux continuer à avoir ma chance avec cette équipe car c’est le top niveau et la concurrence est rude. Je dois encore beaucoup travailler. J’attends la prochaine opportunité…

Vous marquiez beaucoup depuis deux saisons en MLS. Mais la dernière saison a été d’un tout autre niveau***. Qu’est-ce qui a changé cette année?

Chris Wondolowski cites teammate Steven Lenhart, l'une des raisons de la réussite de Wondolowski
Steven Lenhart, l’une des raisons de la réussite de Wondolowski

La façon dont l’équipe a joué! Nous avions plusieurs armes. Avoir Steven Lenhart et Alan Gordon en attaque aide forcément. Les défenseurs adverses ont moins fait attention à moi. Je me sentais plus libre, je pouvais me déplacer ou je le souhaitais. Avoir des mecs comme Martin Chavez, Shea Salinas, Justin Morrow et Steven Beitashour sur les ailes est aussi un régal. On est servi dans des conditions idéales. Cette effectif a quelque chose que les autres n’ont pas.

Vous n’avez jamais reçu de carton rouge en MLS. Est-ce aussi le cas dans vos années universitaires?

J’ai reçu un carton rouge quand je jouais avec la réserve quand j’étais à Houston. Un aussi quand j’étais au lycée. Ce dernier est un mauvais souvenir car c’était une injustice. Le ballon était dans les airs, j’ai sauté pour l’avoir mais mon adversaire du jour s’est jeté sur moi et m’a heurté avec sa tête. Il s’est retrouvé par terre et en a rajouté. L’arbitre a pensé que je l’avais frappé alors que c’est lui qui s’est jeté sur moi comme un fou. Je suis donc sorti, et j’ai compris qu’il avait été plus intelligent que moi.

« Il faudra beaucoup pour que je quitte la Californie »

John Terry qui était à votre marquage durant le MLS All-Star game a admis que c’était un cauchemar pour lui de vous avoir marquer. Comment avez-vous vécu ce match?

Très bien. J’ai marqué et c’est un grand souvenir. Terry est l’un des meilleurs joueurs à ce poste de défenseur central. Il a un formidable palmarès. Quand un tel joueur vous fait un tel compliment, c’est magique, surtout qu’il n’était pas obligé. C’est surtout la manière dont il a fait qui m’a enchanté. Il m’a pris à part après le match dans les vestiaires pour me le dire. Il n’est pas celui qu’on décrit dans les médias.

Vous aviez déjà joué à San José au début de votre carrière. Vous y êtes revenu avec le succès qu’on connait. A 30 ans, est-ce votre dernier club?

Je suis ouvert à tout, même si j’aime San José et que je suis très heureux actuellement. C’est un peu ma maison, j’ai mes amis et ma famille ici. Mais je suis ouvert à toutes propositions, plus spécialement si elles viennent d’Europe. Mais l’offre doit être vraiment sympa car il en faudra beaucoup pour que je quitte la Californie.

*vainqueur du MLS Golden Boot (meilleur buteur de MLS avec 27 buts),  meilleur joueur de MLS, sélectionné dans le XI de départ du MLS All-Star game 2012

** Chris Wondolowski n’a toujours pas marqué avec les Etats-Unis en neuf sélection.

*** 18 buts en 2010, 16 buts en 2011, et 27 buts en 2012

Source http://bleacherreport.com

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The big Wondolowski: le chassé devenu chasseur

Aujourd’hui, focus obligatoire sur le joueur de l’année 2012. Elu MVP devant Thierry Henry, Chris Wondolowski a littéralement explosé cette saison en scorant à 27 reprises, égalant le record de Roy Lassiter en 1996. Son itinéraire ne ressemble pas à un long fleuve tranquille.

Toujours idéalement placé Wondo
Wondo, toujours idéalement placé pour conclure

Le MVP 2012 n’a jamais aussi bien porté cette récompense. Les San José Earthquakes, auteurs d’une étonnante saison et vainqueur du Community shield (premier du championnat toutes conférences confondues), doivent beaucoup à leur avant-centre, loin d’avoir eu une carrière idyllique. A 29 ans, «Wondo» éclate donc sur le tard. Il est élu meilleur joueur du championnat, ou plutôt Most Valuable Player, c’est à dire le joueur le plus précieux (à son équipe).

« Les gens qui votent peuvent indirectement se laisser influencer par la notoriété du joueur. C’est normal, à performance égale, on trouvera toujours meilleur Thierry Henry plutôt que Chris Wondolowski» explique sans langue de bois un journaliste. Pourtant, Henry est à la deuxième place de ce classement, laissant le trône à «Wondo» qui recueille 90% des suffrages des journalistes et joueurs. Les seuls autorisés à voter. Ce chiffre laisse à lui seul imaginer l’importance prise par le joueur américain.

Loin d’être spectaculaires, ses buts sont des one shot goals. Difficilement traduisible, le terme français se rapprochant le plus étant buts de « renard ». Un brin péjoratif concernant le délicieux chasseur qu’il est. Certes, il n’est pas ce genre de joueurs à épuiser ses gardes du corps par des dribbles. Loin d’être un sniper, il n’est pas non plus ce joueur qui tire de 30 ou 40 mètres au but. Mais il est toujours là, à l’affût, faisant regretter à n’importe quelle équipe de ne pas compter dans son effectif un chien de chasse comme lui, au moment d’achever le gardien. 27 réalisations en 34 Battues, soit l’égal du record de Roy Lassiter en 1996. Un carnage. Et cette infaillible capacité à se trouver au bon endroit n’est pas seulement due aux erreurs de ses proies en MLS. La preuve étant ce but contre Chelsea, ou le pauvre John Terry n’a pu empêcher «Wondo» de viser et ajuster Petr Cech , lors du match opposant les Anglais aux All Stars de la MLS.

Wondolowski se révèle sur le tard. Il ne commence le soccer qu’à l’âge de 18 ans, repéré par sa pointe de vitesse alors qu’il jouait au base-ball avec les Danville Rockies. En 2005, alors qu’il est à San José, il a 22 ans, et il ne marque pas. C’est en effet difficile quand on ne figure même pas sur la feuille de match. Son entraîneur ne croit pas en lui. Il n’est pas technique, et « dépourvu de talent » dira Dominic Kinnear, l’entraineur.

Le Solksjaer de la MLS

En 2006, l’équipe déménage à Houston au Texas pour devenir le Houston Dynamo, seul et unique délocalisation à ce jour en MLS. Mais dans l’équipe texane, il joue très peu encore, mais a au moins le luxe de s’asseoir sur le banc des remplaçants. Wondolowski avoue aujourd’hui que les trois ans passés à Houston sur la touche l’ont changé. « J’ai profité de cette position pour étudier et lire les matches. C’était devenu mon seul objectif le jour des matches. Ça peut paraître fou. Je voulais développer une facette que les autres joueurs n’avaient pas, puisque j’étais inférieur à eux en terme de qualités intrinsèques. »

Son histoire rappelle celle de Ole Gunnar Solksjaer à Manchester pour lequel Alex Ferguson, le manager, ne cessait de répéter que son rôle de remplaçant éternel lui avait donné cette capacité à interpréter les phases de jeu et de savoir où se placer une fois rentré sur le terrain. «Baby face killer» est d’ailleurs aujourd’hui un brillant entraîneur en Norvège, ou il a remporté deux championnats consécutifs avec Molde. Pas anodin.

Wondolowski reviendra à San José en 2009 à la mi-saison, dans le cadre d’un trade ou il servait juste de monnaie d’échange. Mais l’homme a changé, il est maintenant sûr de sa force mentale ! Lors de la saison 2010, il score 19 fois en 29 matches. Il est enfin un titulaire indiscutable. 16 buts en 30 matchs la saison suivante lui permettent de décrocher sa première sélection à 28 ans. Il est courtisé par quelques clubs européens dont Rennes. Wondolowski veut maintenant rattraper le temps perdu et prouver qu’en MLS, en allant à la chasse, on gagne sa place.

Vidéo de Wondolowski qui va saluer l’US Army après un but à la « Wondo »