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Et voici comment le pire maillot de l’histoire vit le jour…

Alexis Lalas saute de joie, mais ça n'a rien à voir avec son maillot
Alexi Lalas saute de joie, le match est fini et il va pouvoir refourguer son maillot

Au printemps 1994, les joueurs de l’équipe de nationale américaine sont appelés à se rendre à ce qui doit être un évènement bon enfant organisé par Adidas. En effet, leur équipementier allemand les tease depuis pas mal de temps sur le maillot qu’ils porteront pour le Mondial 1994 organisé aux Etats-Unis pour la première fois. Les joueurs américains veulent faire bonne figure en débarquant sur les pelouses avec une tenue digne de ce nom. Cet espoir meurt dès les premières secondes de la présentation.

L’uniforme semble avoir été dessiné par un teenager ayant fait ses gammes sur Microsoft Paint. Le maillot est de couleur jean denim (l’OM n’a rien inventé), avec des étoiles blanches étirées irrégulièrement en guise de motif, tandis que la marque et le logo de la fédération sont de couleur rouge vif comme si le designer avait voulu rattraper le coup après avoir vu le drapeau américain.

Dans les années 1990, le soccer entre dans une nouvelle ère. Les Yankees s’étaient déjà qualifiés pour la Coupe du Monde 1990 en Italie même s’ils s’étaient fait balayer en perdant leur trois matches de groupe. En 1994, une poignée de joueurs évoluent de l’autre côté de l’Atlantique, et la saison inaugurale de MLS commencera dans deux ans. En tant qu’hôte de l’évènement le plus suivi en Europe, la fédération de football sait que tous les projecteurs seront braqués sur le pays, alors ils ne faut pas décevoir. Il faut marquer le coup. L’idée alors, d’après Hank Steinbrecher, ancien directeur exécutif de l’U.S Soccer Federation, est de marquer le coup.

Roy Wegerle est ravi de poser avec son maillot
Roy Wegerle est ravi de poser avec son maillot

Après que le maillot eut été dévoilé lors d’un l’évènement fermé au public et aux journalistes, les joueurs ne pipent pas mot. « Le plus gros silence jamais entendu au sein d’une bande de copains » se rappelle Eric Wynalda. Ensuite, les rires éclatent. Le défenseur Paul Caligiuri a de suite pensé à l’accoutrement d’un clown. Même Alexi Lalas, joueur déconcertant par son talent mais surtout par son style, le détestait. C’est pour dire. En fait, lui pensait qu’il était au centre d’un grand canular. « On essayait de trouver où étaient cachées les caméras ».

 » désormais une cible parfaite pour devenir la risée de la compétition »

Lalas, qui est maintenant consultant sur Fox Sports, a avoué qu’il y avait une pression immense sur l’équipe nationale en 1994.  Hors de question de faire honte à son pays, qui plus est, est l’hôte de la plus grande compétition au monde et surtout, pas question de freiner l’engouement que la fédération essaye de faire naître tant bien que mal autour du soccer. L’objectif annoncé au sein du vestiaire est de faire bonne figure en bien jouant. Pourtant ces maillots font maintenant d’eux une cible parfaite pour devenir la risée de l’évènement sportif. Désormais, il ne suffit plus de bien jouer, mais il faut gagner pour faire oublier cette tenue grotesque. En cas d’échec, l’humiliation sera double.

Habiller une équipe nationale comme des patriotes junkies psychédéliques semblaient être un risque. Pourtant, il était calculé. « Dans mon monde, s’il y a une grosse réaction, c’est positif » argumente Peter Moore, directeur créatif d’Adidas et directeur de la marque aux trois bandes aux USA à l’époque des faits. Si les gens sont en colère, cela prouve qu’ils ne s’en foutent pas. »

Peter Moore n'était pas à son premier coup marketing. Il avait déjà dessiné les AJ1 de Michael Jordan, illégales à l'époque.
Peter Moore n’était pas à son premier coup marketing. Il avait déjà dessiné les AJ1 de Michael Jordan, illégales à l’époque.

Moore le savait par expérience. C’est lui qui avait dessiné la légendaire et controversée chaussure Air Jordan 1 dans les années 80 pour Nike. Elle fut conçue pour se démarquer des autres chaussures de basket présentes sur les parquets. Chaque fois que Michael Jordan posait pied sur le parquet en portant la AJ1 ‘Bred’ (noir et rouge), Nike devait payer 5000$ d’amende pour non-conformité avec le règlement de la NBA qui imposait des baskets blanches aux joueurs. Ce coup marketing mené de main de maitre par Nike, qui rapporta plus de 100 millions de dollars, permit de lancer une campagne publicitaire expliquant au public que la Air Jordan 1 est tellement puissante qu’elle est illégale.

Quelques années plus tard, Nike sponsorisa le jeune écorché vif Andre Agassi et l’habilla avec un short en jean en pensant lancer une mode comme il l’avait fait avec les Air Jordan. Mais cette fois, l’effet ne prend pas. Adidas retient cependant l’audace de son concurrent mais ne dit rien jusqu’en 1994.

Le principal problème pour Adidas était que les joueurs ne pouvaient porter une telle matière 90 minutes durant. L’équipementier a alors l’idée de donner l’impression du jean tout en gardant la matière standard. Moore dit que les designers ont ensuite délibérément déformé les étoiles au moment de les poser sur la machine Xeros, chargée de scanner pour ensuite reproduire les imprimés.

Mary McGoldrick, qui a pris la succession de Moore se souvient des réactions de ses collègues allemands très conservateurs quand ils ont découvert le produit final. « Hum, c’est pas Adidas ça, ce n’est pas nous! ». Cette année là, la marque allemande habillait plusieurs équipes avec déjà des maillots plutôt osés (l’Allemagne avec un motif en damier ou le Nigeria avec un imprimé intriguant) mais celui des Etats-Unis provoquaient un certain malaise en interne.

Le seul argument valable pour la défense de ce maillot? « Cela aurait pu être pire » ! Dans une interview datant de 2011, un ancien designer d’Adidas a révélé que la marque avait pensé à habiller les joueurs américains avec des maillots tie-dye. Ce procédé qui consiste à plonger un linge dans un bain de couleur avait déjà servi pour l’équipe de Basket de Lituanie, alors il fallait trouver quelque chose d’autre.

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L’équipe de Basket de la Lituanie a évité les maillots « tie-dye » à l’équipe de football américaine

Alors que le début de la Coupe du Monde approche, les joueurs préfèrent en rire. Même le milieu John Harkes qui avait été élu plus beau joueur du pays par le magazine People ne parvient pas à « rendre potable » ce maillot, dira son coéquiper Tab Ramos. Quant à Alexi Lalas, il ressemble à Raggedy Ann, cette poupée de chiffons rendus célèbre dans les livres pour enfants. Toute blague était bonne à faire et cela masquait une certaine assurance que les joueurs américains avaient gagné au fil des matches de préparation grâce à notamment une victoire 1-0 face au Mexique (avec le maillot « away » où seul le short est en « jean »). Cette Coupe du Monde était finalement leur première danse, et comme dans tout bal de promo, il ne faut pas trop se faire remarquer.

Raggedy Ann, le sosie d'Alexis Lalas
Raggedy Ann, le sosie d’Alexis Lalas

Pourtant, se faire remarquer, ils vont le faire. Les Américains portent ce maillot devenu célèbre lors des trois premiers matches de poule. Lors du premier, ils tiennent en échec la Suisse (1-1). Ensuite, grâce à un but contre son camp d’Escobar devenu tragiquement légendaire, ils s’imposent 2-1 face à la Colombie. Paul Caligiuri, milieu défensif de l’équipe:  » Après ce match, nos maillots sont devenus cool. Ah ce n’était peut être pas le maillot néerlandais avec son orange décapant ou le maillot argentin avec ses bandes blanches mais ces étoiles blanches sur fond de jean faisaient son effet. Lalas: « Vous pouvez porter du cuir avec des pompons, si vous jouez bien, ça devient tout de suite cool ». Malgré une défaite face à la Roumanie dans le dernier match de groupe, les Etats-Unis sont repêchés mais perdent face au futur vainqueur de la compétition, le Brésil. Le parcours improbable des Yankees prend fin et le jour suivant, The San Francisco Chronicle rapporte qu’Adidas a vendu au moins 60 000 maillots jean denim (à 60$ l’unité).

Quand les américains battent la Colombie, le maillot étaient un peu mieux

Pour la fédération, tous les voyants sont au vert. Cette Coupe du Monde est celle de tous les records en terme de fréquentation. Et les résultats sportifs sont satisfaisants. « Nous voulions attirer l’attention, et ces uniformes originaux nous l’ont permis. Les joueurs ont fait le reste ». Ces derniers surfent alors sur cette vague denim comme Caligiuri qui joue les acteurs dans une publicité pour shampoing le tout orné du fameux maillot.

http://www.youtube.com/watch?v=dkRKzA3Pc_c (à 6min 47)

Depuis deux décennies, l’USMNT s’est bâtie une réputation d’équipe courageuse qui n’a cessé de progresser. Elle est apparue à chaque Coupe du Monde depuis 1990. Ses meilleurs joueurs ont fait des carrières honnêtes à l’étranger. Son coach Jurgen Klinsmann a récemment prolongé son contrat qui le lie avec la fédération américaine qui le paye 3 millions de dollars par an.

Les designers américains qui travaillent avec Nike, eux, se sont récemment assagi en essayant justement de rentrer dans le rang pour essayer de se faire une place parmi les équipes nationales puissantes, malgré quelques exceptions (dont le maillot extérieur pour la prochaine Coupe du Monde au Brésil qui ressemble étrangement à la Bomb pop, cette glace traditionnelle américaine). Depuis 1995, Nike a tenté quelques « coups » mais rien d’aussi créatif que la couleur jean denim n’a vu le jour. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les « maillot les plus laids » de l’histoire dans les tribunes lorsque les USA jouent. Ouvrez bien l’œil cet été.

Voici les maillots pour la Coupe du Monde 2014.

USA+2014+World+Cup+Home+Kit+2

USA+2014+World+Cup+Away+Kit+(1)

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Phil Woosnam est mort

Vendredi soir, le soccer a perdu l’un de ses pionniers. Le gallois Phil Woosnam s’est éteint à 80 ans à Atlanta bien loin des feux des projecteurs. Celui qui figure au Hall of fame avait cependant aussi causé la descente aux enfers du soccer à la fin des années 70. J’avais écrit plusieurs papiers sur lui et son oeuvre fin janvier. Les revoici dans un seul.

La NASL et son Docteur Who

Les choses se présentent mal pour la NASL en 1969. NBC rompt le contrat télévisuel, et le championnat perd son statut professionnel après une première saison désastreuse en terme de retombées. Seulement cinq franchises existent. Le soccer est à l’agonie.

Le coach des Atlanta Chiefs, Phil Woosnam, vainqueur du premier championnat nord-américain et sélectionneur des USA, est nommé commissaire de la NASL. Il a pour mission d’éviter la mort du championnat, et accessoirement de le revitaliser. Il demande ainsi aux cinq franchises existantes de baisser la masse salariale et de réduire les coûts. Toutes les stars internationales et la plupart des meilleurs joueurs sont foutus à la porte. C’est aussi le cas de Vava, qui s’en va. Seulement voilà, les équipes ne comportent plus assez de joueurs. Woosnam lui-même a alors de sérieux doutes concernant la survie du championnat. Lui vient une idée !

Phil "doc" Woosnam doit sauver la NASL
Phil « doc » Woosnam doit sauver la NASL

Ancien joueur de West Ham et d’Aston Villa, et en très bon termes avec eux, il va alors demander à ses anciens clubs de venir faire des matchs d’exhibition. Il convaincra trois autres équipes anglaises de venir aux USA  pour jouer  une sorte de mini championnat, l’International Cup. Cela laisse le temps aux franchises américaines de se reconstruire, les équipes anglaises, elles, sont heureuses de jouer aux USA tous frais payés, et cela divertit les spectateurs curieux.

Lors du second semestre, le championnat nord-américain débute. Bien que moins flamboyant et moins médiatisé, les gens s’intéressent d’avantage à cette saison car, débarrassée des étrangers, leur équipe est composée exclusivement de joueurs locaux. Ils peuvent ainsi s’identifier à leur club. De plus, un duel entre Atlanta Chiefs et Kansas City intéresse le pays. Kansas gagnera le championnat d’un seul point, les playoffs ayant disparu car top chers. Un symbole. On assiste donc à une compétition beaucoup plus modeste qui a le mérite de plaire aux Américains. Quelque chose est en train de se passer.

Phil Woosnam : «  In my heart I knew this sport was good enough. » (Au fond de moi, je savais que ce sport était assez bon)

1969 est une année très importante pour ce sport. Beaucoup d’écoles l’ incluent à leur programme sportif, des écoles de soccer voient même le jour. Le fait est que, si les teens ne le regardent certes pas, ils adorent le  pratiquer. La NCAA, le championnat universitaire, est en pleine expansion. On parle même de soccer féminin, même si le projet n’en est qu’à l’état embryonnaire… Phil Woosnam est à l’origine de cet élan et il ne s’en cache pas.

En une saison, il a réussi a changé la donne. Jusqu’en 1975, il réussit l’opération parfaite. Sauver, puis développer lentement mais sûrement la NASL, tout en pensant à son futur en encourageant la formation des jeunes. Il est, aujourd’hui encore, considéré comme LE personnage  important dans le développement du soccer (il figure au Hall of Fame). Il s’attire alors la curiosité des médias. Les institutions des autres sports veulent l’embaucher. Il devient un personnage qu’on s’arrache. Mais voilà, le succès, SON succès va l’amener à prendre des décisions à l’encontre de sa logique. C’est le début de la période Rock’n’roll de la NASL.

1974: la leçon de marketing sportif Made in USA

Jusqu’en 1974, le championnat nord-américain continue sa lente progression. Woosnam, le commissaire de la Ligue, fait rentrer quatre nouvelles franchises en NASL pour un total de 15 équipes. Pour la première fois depuis 1968, la NASL devient une Ligue nationale, à proprement parler, avec des franchises dispersées partout aux USA. Woosnam veut alors accélérer les choses.

A la fin de la saison 1974, l’affluence moyenne dans les stades est de 7 825 spectateurs, un nombre en hausse de 24% par rapport à la saison passée. Surprenant ! Mais comment est-ce possible ?
Woosnam et ses employés sont à l’origine d’idées plutôt ingénieuses pour promouvoir le championnat. Comme celle-ci: placer dans une équipe le fils d’une légende de la NFL, sport le plus regardé à la télévision américaine. De plus, celui-ci vient de gagner une sorte de télé-réalité retransmise dans tout le pays.

Les publicitaires s'arrachent Kyle Rote
Les publicitaires s’arrachent Kyle Rote

Le succès de Kyle Rote, Jr*, qui devient une star acclamée dans les stades, donnera envie aux autres joueurs de participer à ce TV show qui oppose des sportifs connus à travers un décathlon. Un carton, autant pour l’émission que pour les affluences dans les stades. Parmi les autres idées astucieuses: celle de supprimer les matches nuls qui ennuient les Américains et de greffer à la fin des matches une série de penalties, beaucoup plus divertissante. La NASL change ses règles au profit du spectacle, et cela a pour effet de rameuter de nouveaux prospects dans les stades. Les spectateurs sont même directement sondés sur le retour ou non des playoffs. Ces derniers, véritable marque de fabrique du sport américain, sont largement plébiscités. Le marketing sportif made in USA est né.

En 1975, six ans après sa prise de fonction à la tête de la NASL et autant d’années de succès, Woosnam, en pleine crise de la quarantaine, veut accélérer les choses. Il veut que son championnat devienne une ligue majeure dans le monde. De quinze, il fait passer le nombre de franchises à vingt ! Mais il veut frapper un grand coup. Une bonne fois pour toute. Il souhaite un joueur de renommée mondiale, veut le faire jouer au New York Cosmos, capitale des médias américains et seul club ayant les ressources pour le faire venir (Warner Bros est à la la tête de la franchise).

Georges Best pose devant les photographes à New York, là ou il va s'engager...
Georges Best pose devant les photographes à New York, là ou il va s’engager…

Georges Best, qui atteint un niveau de notoriété jamais vu en football, est son premier choix. Les négociations se passent pour le mieux. Le cinquième Beatles tient même une conférence de presse en compagnie d’un Woosnam très fier, pour annoncer sa signature imminente. Tout est prêt. Manchester va vendre son « outstanding » joueur pour 250 000$, somme record pour l’époque. Les Anglais pleurent leur légende. Il reste cependant à trouver un accord entre Best et New York. Accord qui n’aura jamais lieu. Le joueur demande à NY de préserver le secret de la cause de sa non-signature. Lui l’emportera en 2005 dans sa tombe. Georges Best pose un lapin à la NASL et signe en Irlande dans la foulée. Il plombe littéralement le début du championnat américain et l’enthousiasme de Woosdam dans le même temps. C’est la douche froide.

Mais un ouragan médiatique va bientôt se déchaîner sur le pays à la mi-saison…

* Kyle Role : bien que confiné dans un rôle d’Impact Player pour exciter les foules lorsqu’il rentre, le bougre progressera vite puisqu’il deviendra ensuite titulaire à Dallas puis Houston, et terminera même sa carrière avec cinq sélections internationales !

Pelé et les trois glorieuses

En 1975, six mois après la non venue de Georges Best à New York, Phil Woosnam, le commissaire de la NASL, peine à se remettre de cette désillusion. Heureusement, il peut compter sur un nouvel allié très discret jusqu’à l’été 1975: Steve Ross, le boss du New York Cosmos.

Steve+Ross+CosmosSteve Ross, patron du New York Cosmos et président de la Warner est un homme de plus en plus ambitieux. Fort de ses coups de génies comme le rachat d’Atari en 1972, qui vient de créer le premier jeu vidéo (Pong), il veut maintenant s’imposer comme un personnage public mondial. Quoi de mieux que le sport et son équipe de New York pour arriver à ses fins. L’échec de la non venue de Georges Best est du passé, il veut un autre grand nom. Il demande conseil à Woosnam, toujours tourmenté par son échec, qui lui lâche deux patronymes sous forme de boutade: le Pape et Pelé. Ross dit qu’il peut faire venir le second facilement, d’ailleurs il ne connaît même pas le joueur. C’est cette incroyable candeur d’esprit qui va lui permettre d’oser réaliser le transfert du siècle, bien aidé par Henry Kissinger, le secrétaire d’état du gouvernement américain.

teve Ross profite de sa position de président de Warner pour faire signer à Pelé plusieurs contrats, dont celui d’artiste qui lui permettra de payer le minimum d’impôts. A 35 ans, il signe pour trois ans avec un salaire annuel de 1,5 millions de dollars. Du jamais vu. Il joue son premier match dans la foulée contre Dallas au Yankee Stadium devant 300 journalistes venant de toute la planète. Le match est retransmis dans 22 pays. Pelé fait son premier entraînement avec ses nouveaux coéquipiers quelques minutes avant le match. La NASL est enfin crédible et Steve Ross devient très populaire par la même occasion.

Pelé fait une très bonne fin de saison en marquant cinq fois mais son club a pris trop de retard pour pouvoir accéder aux playoffs. Le fossé entre le niveau de Pelé et celui de ses coéquipiers est ahurissant. Les spectateurs sont subjugués par les actions du Brésilien. Les saisons prochaines s’annoncent exaltantes, d’autant plus qu’une pléiade d’autres stars veulent maintenant rejoindre la NASL.

Gordon Banks signe à Fort Lauderdale, Geoff Hurst à Seattle, Rodney Marsh (le Pelé blanc) à Tampa Bay, Eusebio à Toronto, Bobby Moore à San Antonio, Chinaglia (joueur-star italien de l’équipe qui sera haï par tous) à New York  et Georges Best signe à Los Angeles où Elton John devient le nouveau propriétaire ! Le vent a décidément tourné… Les affluences s’envolent dans tous les stades, elles sont en hausse de 36% par rapport à la saison passée, déjà considérée comme une « bonne saison ». Woosnam profite de la présence de toutes ces stars dans son championnat pour organiser des matchs d’exhibition en Europe, mais aussi des rencontres aux USA entre son NASL All-Stars et les meilleures nations du monde.

Pelé sera seulement champion avec son équipe lors de sa dernière année de contrat en 1977. Ses trois saisons en NASL sont aussi les plus belles années de la Ligue, qui a depuis vue arriver d’autres stars comme Carlos Alberto ou Franz Beckenbauer, élu MVP dès sa première saison en 1977. Pelé a 38 ans quand il prend sa retraite, a marqué 31 buts et a distribué 25 passes décisives en 56 apparitions. Il fera rêver une 57ème fois les spectateurs de New York en guise d’adieu, lors d’un match amical entre le Cosmos et son club de toujours Santos. Pelé s’effondre en pleurs à la fin de son discours devant ses amis venus lui rendre un hommage, comme Muhammad Ali, Bobby Moore, ou Henry Kissinger. Il a conquis le cœur des Américains en l’espace de trois ans. Ce sont les trois Glorieuses.

Flashback video: New York Cosmos 2-2 Boca Juniors

Cette rencontre est le premier des deux rounds qui ont opposé l’équipe la plus populaire d’Argentine et le Cosmos durant l’été 1978. 30 000 personnes assistèrent à ce rare évènement: le Boca se déplaçait en effet rarement en dehors du pays, et la NASL avait convaincu les dirigeants argentins de venir jouer aux Etats-Unis. Deux mois plus tard, les deux équipes remettaient ça pour se départager et les Argentins gagnèrent 4-2 chez eux.

Chinaglia, les lignes de football américain, les shorts au dessus des genoux et des buts en pagaille … bienvenue dans le soccer d’antan !

Boca Juniors 2-2 New York Cosmos
Date:  9 Septembre 1978 – Spectateurs: 30000
Buts Cosmos: Giorgio Chinaglia et Alan Willey 1978-09-09 Cosmos-Boca Juniors_small1

Dossier de presse du match
Le dossier de presse du match

TOP 10 des anciens de MLS en Europe

Dans cette liste subjective, n’apparaîtront pas les joueurs comme Brad Friedel, Landon Donovan, ou Brian McBride qui ont commencé en Europe avant d’avoir joué en MLS.

10. John Stern, le plus combatif                                                                                                                                   Le buteur trinidadien explose à Colombus avant de signer à Nottingham Forest en 1999 où il claque 18 buts pour sa première saison. Il est alors transféré à Birmingham City qui se bat alors pour accéder en Premier League. Il ne sera pas forcément titulaire dans la deuxième plus grosse ville anglaise mais connaîtra par la suite de meilleures expériences à Coventry City et Southampton, avec notamment un total de 19 buts lors de la saison 2007-2008. Un honnête homme, meilleur buteur de tous les temps de sa sélection trinidadienne avec 69 buts qui, à désormais 36 ans, bataille tous les week-end sur les terrains de la sixième division anglaise.

9. Michael Parkhurst, le plus discret                                                                                                                             L’ancien défenseur de New England -rookie de l’année 2005 (meilleur débutant)- s’est envolé vers le Danemark au FC Nordsjaelland en 2009 avec qui il a remporté un titre et deux coupes nationales. Il a été transféré cet hiver en Allemagne à Augsbourg qui joue actuellement en Bundesliga. Un bon latéral qui fait peu parler de lui mais qui progresse chaque année.

8. Maurice Edu, le plus doué                                                                                                                                  Rookie en 2007 avec Toronto FC et international dès sa première saison en MLS, Edu signe un contrat avec le légendaire club écossais des Rangers. Avec 96 apparitions et 9 buts en tout et pour tout comme milieu défensif, il devient l’un des meilleurs joueurs d’Ecosse et vise plus haut. Il  s’engage avec Stoke City et déclare accomplir son plus grand rêve en venant jouer en Premier League. A 26 ans, il est actuellement en prêt en Turquie à Bursaspor mais appartient toujours au club anglais, qui ne lui a jamais fait confiance… Du gachis.

7. DaMarcus Beasley, le plus fragile                                                                                                                    Formé à l’IMG Soccer Academy, l’équivalent américain de l’INF Clairefontaine, il est recruté par LA Galaxy mais n’y jouera jamais. Il se révèle au Chicago Fire comme l’un des joueurs les plus rapides du pays. Beasley était l’une des principales attractions de MLS avant qu’il ne soit transféré au PSV Eindhoven. Viendra ensuite une multitude de blessures à Manchester City en 2006, aux Glasgow Rangers en 2007, à Hanovre en 2010. Il signe finalement au CF Puebla au Mexique en 2011 et semble désormais s’épanouir. Tu mérites mieux DaMarcus.

6. Jozy Altidore, le plus précoce                                                                                                                                     Il quitte les Red Buls pour Villareal et l’Espagne en 2008 à l’âge de 18 and pour un transfert record (6,5 M $). Mais il ne jouera pas en Espagne puisque son entraîneur préfère associer Giuseppe Rossi à Llorente.. Après des saisons moyennes en exil à Xeres, Hull City, et Bursasor, il atterrit à l’AZ Alkmaar au Pays-bas et commence à briller. Il s’affirme au fil des saisons, et devient meilleur buteur  en 2012 de l’Eredivisie. Il en est actuellement à 18 buts en 23 matches à la mi-saison 2012/2013. Très prometteur.

5. Marcus Hahnemann, le plus efficace                                                                                                                      Si l’on regarde ses stats, Hahnemann, qui a remporté la MLS Cup en 1997 avec les Colorado Rapids, était le meilleur gardien du monde en 2009. Avec son club de Wolverhampton, il arrêtait 78,4% des tirs, le meilleur pourcentage en Europe ! En d’autres mots, il a à lui tout seul permis à son club de rester en Premier League. Il a aussi fait les beaux jours de Reading, et est actuellement à 40 ans en pré-retraite aux Seattles Sounders, club où il a débuté. Les states forment des gardiens qui durent.

4. Carlos Bocanegra, le plus beau                                                                                                                         img-carlos-bocanegra_115553876441Carlos Bocanegra, élu deux fois meileur défenseur de MLS, a quitté Chicago en 2004 pour Fulham où il rejoint son compatriote Brian McBride. Rennes réussit une excellente opération en le recrutant en 2008, où il deviendra le chouchou des supportrices bretonnes qui le nomment joueur le plus sexy de Ligue 1. Il part ensuite à Saint-Etienne, puis aux Glasgow Rangers, qui décidément adorent les Américains, et enfin au Racing Santander en deuxième division espagnole, son club actuel. Il a 33 ans.

3. Michael Bradley, le plus pistonné                                                                                                                       Petit à petit, le fils du sélectionneur Bob Bradley vendu par les MetroStars de New York s’impose comme un titulaire indiscutable avec le SC Heerenveen en 2007. Il connaît le même succès en Bundesliga au Borussia Mönchengladbach et en Serie A au Chievo Verone. A 25 ans, il joue maintenant pour l’AS Roma et n’est pas étranger au statut de remplaçant de Daniele De Rossi. What a player !

2. Tim Howard, le plus étourdi                                                                                                                           Arraché à New York en 2003 par Manchester, Sir Alex fait venir le prometteur gardien comme numéro 3. Mais après les bourdes répétées de Fabien Barthez et de Roy Caroll, il devient le titulaire du poste. Il est le premier Américain à remporter la FA Cup et il est l’unique joueur de Manchester United à figurer dans le « onze idéal » de la Premier League à la fin de la saison. Malheureusement il accumule lui-même les boulettes par la suite et est donc définitivement poussé vers la sortie avec l’arrivée de Van Der Saar. Il rejoint Everton en 2006 où il est toujours titulaire malgré ses quelques « absences ». Le 4 janvier 2012, il devient le quatrième gardien de l’histoire de la Premier League à marquer un but, après Peter Schmeicher, Paul Robinson, et son compatriote Brad Friedel, à l’occasion d’une partie contre Bolton, durant laquelle il marque un but de sa propre surface de réparation.

1. Clint Dempsey, le plus fort

2012-04-09-clint-dempseyLe Rookie de l’année 2004 avec New England a scoré 23 fois lors de sa dernière saison avec Fulham, sans aucun doute la meilleure saison qu’un Américain n’aie jamais effectué en Europe. Il est devenu le premier Yankee à être dans les 50 meilleurs buteurs de Premier League et le premier à réaliser un hat-trick en match. Tottenham le recrute alors en 2012 et ne le regrette pas jusqu’à maintenant. Il est titulaire indiscutable chez les Spurs, et en est à la mi-saison à cinq buts inscrits. Un grand.