1968, nous y sommes. Un championnat national unique existe enfin, soutenu par des investisseurs motivés comme Lamar Hunt (qui donnera son nom à la Coupe des USA) et des parrains prestigieux comme Henry Kissinger, le secrétaire d’état du gouvernement américain. La classe !
Parmi les 22 franchises déjà existantes, 17 sont retenues pour participer au nouveau championnat. Elles sont réparties en quatre conférences car les voyages en avion sont trop couteux. De nouveaux joueurs traversent l’Atlantique, comme Janusz Kowalikqui qui arrive de Pologne pour rejoindre Chicago, et qui sera élu MVP, meilleur joueur de la compétition (30 buts et 8 passes décisives en 28 matches), le premier de l’histoire du soccer.

Des stars arrivent, comme Victorio Casa à Washington, qui restera comme le seul joueur manchot de l’histoire de ce sport ou encore Vava, star brésilienne du Mondial 1958 et 1962, qui débarque à San Diego à 34 ans. C’est la première rock star du soccer. Le changement de classe ne concerne pas seulement les joueurs. Ferenc Puskas, l’emblématique joueur hongrois du Real Madrid, connaîtra sa première expérience d’entraineur aux Vancouver Royals, non sans difficulté. La franchise du Canada avait en effet déjà fait signer Bobby Robson comme manager dans la cacophonie générale. Un compromis sera finalement trouvé : ce dernier sera l’assistant de Puskas. Un sacré duo qui mènera ses troupes à la … dernière place de leur Conférence ! Alors que l’exercice débute, tout le monde s’interroge réellement sur le niveau de ce nouveau championnat qui ne s’inspire d’aucun autre.
Et à la surprise générale, le niveau est bon. Très bon même. Des équipes venues d’autres continents, curieuses à l’idée de se confronter aux équipes américaines, l’apprennent à leurs dépens. Cleveland et New York s’imposent face au Santos de Pelé, tandis que les Atlanta Chiefs gagnent 3-2 contre Manchester City, l’équipe qui domine l’Angleterre ! L’entraîneur des Citizens, Malcom Allison, prétextera l’accident de parcours de sa formation et comparera même Atlanta à une équipe au niveau de la quatrième division anglaise. Piqué au vif, Atlanta propose une seconde confrontation… Rebelote, les Anglais sont défaits 2-1. Ils connaîtront une troisième défaite en une semaine face à Oakland. Toutes les équipes ne sont bien sûr pas toutes performantes. Le Dallas Tornado restera comme la pire équipe américaine de tous les temps avec 109 buts encaissés en 32 parties. A la fin de la saison, ce sont les Atlanta Chiefs qui sont sacrés contre le San Diego de Vava en final de playoff, au terme d‘une saison plutôt réussie. Du moins sur le terrain…
Car en en terme d’audience et de spectateurs, la saison est vécue comme une catastrophe industrielle. 3 000 spectateurs en moyenne, c’est bien loin des 20 000 attendus. Les salaires des joueurs et la location de grands stades ruinent les franchises. Les promoteurs américains ont mal analysé le marché américain et surestimé les effets du soccer sur la populasse. Les Américains ne comprennent pas ce sport, le jugeant trop lent et ennuyeux ! De plus, ils ne s’identifient pas à l’équipe de leur ville avec ces trop nombreux étrangers qui dominent les natifs américains. La discrimination est présente, même dans le soccer…
En Novembre 1968, apeuré par ce désastre financier, Detroit est la première équipe à annoncer qu’elle renonce à continuer. Avant que six autres franchises ne suivent… La NASL est sous le choc et tente de convaincre les propriétaires des dix autres franchises à insister la saison prochaine malgré le fiasco. Seulement cinq acquiescent. Et voilà que NBC rompt le contrat TV. Le soccer est au plus mal.
@j_cortinovis
L’épisode précédent https://majeureliguefootball.wordpress.com/2013/01/05/genese-major-league-soccer/